Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:51

 

 

Le grand voyage de verdure que j’ai fait

Malgré tant de mauvais esprits

 

La nature toujours s’en va vers sa naissance

Et j’ai été reçu par l’aube ressemblante

Et des légions d’oiseaux m’ouvraient leur cœur sonore

En secouant leurs plumes et leur chant sur l’herbe

 

Les vagues du matin se levaient une à une

Les fleurs se partageaient les couleurs de midi

J’étais très gai je me sentais frais et dispos

J’avançais en entier rayonnant de partout

 

Sur la rosée montante et sur les fruits solaires

J’avais raison je vivais bien

 

Car j’avais fait un grand voyage passionnel

Alors que tout m’était contraire

 

Du point du jour de ton épaule à tes yeux clés

Du sillon de ta bouche aux moissons de tes mains

Du pays de ton front au climat de ton sein

J’ai ranimé la forme de mon corps sensible

 

Et garce à tes sourires qui lavaient mon sang

J’ai de nouveau vu clair dans le miroir du jour

Et grâce à tes baisers qui me liaient au monde

Je me sis retrouvé faible comme un enfant

 

Fort comme un homme et digne de mener mes rêves

Vers le feu doux de l’avenir.

Partager cet article
Repost0
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:51

Le narrateur, Aldo, raconte une de ses promenades matinales dont il est coutumier.

 

Je descendais déjà les dernières marches de mon belvédère préféré quand une apparition inattendue m’arrêta, dépité et embarrassé : à l’endroit exact où je m’accoudais d’habitude à la balustrade se tenait une femme.

Il était difficile de me retirer sans gaucherie, et je me sentais ce matin-là d’humeur particulièrement solitaire. Dans cette position assez fausse, l’indécision m’immobilisa, le pied suspendu, retenant mon souffle, à quelques marches en arrière de la silhouette. C’était celle d’une jeune fille ou d’une très jeune femme. De ma position légèrement surplombante, le profil perdu se détachait sur la coulée de fleurs avec le contour tendre et comme aérien que donne la réverbération d’un champ de neige. Mais la beauté de ce visage à demi dérobé me frappait moins que le sentiment de dépossession exaltée que je sentais grandir en moi de seconde en seconde. Sans le singulier accord de cette silhouette dominatrice avec le lieu privilégié, dans l’impression de présence entre toutes appelée qui se faisait jour, ma conviction se renforçait que la reine du jardin venait de prendre possession de mon domaine solitaire.

Partager cet article
Repost0
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:41

Adeline, réfugiée près du lit, se demandait à quelle sorte de travail se livraient les deux servantes armées d’engins aussi primitifs.
La frénésie belliqueuse dont elles furent saisies dépassa ses prévisions les plus pessimistes, tout en lui donnant une forte envie de rire.
A droite, à gauche, sur les chaises, sur les tables, sur le coffre, sur la coiffeuse, sur les murs, par terre, en l’air, dans le vide, elles projetaient les lanières de leurs fouets ; la mère, malgré son âge et sa corpulence, ne se démenait pas moins que sa fille : elles pivotaient sur elles-mêmes, se penchaient, se redressaient, toujours agitant leurs verges sinueuses et fustigeant au petit bonheur devant elles.

La poussière, réveillée en sursaut de sa léthargie séculaire, prenait la fuite comme elle pouvait.
Elle s’élevait en petits nuages, montait au plafond hors de portée des terribles lanières, flottait en suspens dans le demi jour, cherchait un refuge dans les toiles d’araignée inaccessible.
L’irritation d’être soumises à un extra non prévu dans les habitudes de la maison attisait la rage des deux furies, Adeline ne le devinait que trop bien.
Elles sautaient sur place, lançaient le plus haut possible leurs courts bras dodus, bondissaient, rugissaient, apostrophant les corpuscules rebelles pour les obliger à retomber du plafond et à prendre une autre raclée.
Cette danse de guerre dura tant qu’elles n’eurent pas épuisé leur soif de vengeance. Lorsqu’elles jugèrent la correction suffisante, elles quittèrent la pièce, tête haute et sourire triomphal, laissant la poussière descendre à nouveau sur les meubles et se rendormir dans la pénombre.

Partager cet article
Repost0
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:32

Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton cœur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,

Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ? »
─ Et le ver rongera ta peau comme un remords.

Partager cet article
Repost0
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:30

Quand au temple nous serons
Agenouillés, nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui pour louer Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l'église.

Mais quand au lit nous serons
Entrelacés, nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des amants qui librement
Pratiquent folâtrement
Dans les draps cent mignardises.

Pourquoi donque, quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein,
Contrefais-tu la nonnain
Dedans un cloître enfermée ?

Pour qui gardes-tu tes yeux
Et ton sein délicieux,
Ta joue et ta bouche belle ?
En veux-tu baiser Pluton
Là-bas, après que Charon
T'aura mise en sa nacelle ?

Après ton dernier trépas,
Grêle, tu n'auras là-bas
Qu'une bouchette blêmie ;
Et quand mort, je te verrais
Aux Ombres je n'avouerais
Que jadis tu fus m'amie.

Ton test n'aura plus de peau,
Ni ton visage si beau
N'aura veines ni artères :
Tu n'auras plus que les dents
Telles qu'on les voit dedans
Les têtes des cimeteres.

Donque, tandis que tu vis,
Change, maîtresse, d'avis,
Et ne m'épargne ta bouche :
Incontinent tu mourras,
Lors tu te repentiras
De m'avoir été farouche.

Ah, je meurs ! Ah, baise-moi !
Ah, maîtresse, approche-toi !
Tu fuis comme faon qui tremble.
Au moins souffre que ma main
S'ébatte un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble.

Partager cet article
Repost0
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:27

Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas,
Mais tirez-moi le cœur de votre douce haleine ;
Non, ne le tirez pas, mais hors de chaque veine
Sucez-moi toute l'âme éparse entre vos bras ;

Non, ne la sucez pas ; car après le trépas
Que serais-je sinon une semblance vaine,
Sans corps, dessus la rive, où l'amour ne démène
(Pardonne-moi, Pluton) qu'en feintes ses ébats ?

Pendant que nous vivons, entr'aimons-nous, Marie,
Amour ne règne pas sur la troupe blêmie
Des morts, qui sont sillés d'un long somme de fer.

C'est abus que Pluton ait aimé Proserpine ;
Si doux soin n'entre point en si dure poitrine :
Amour règne en la terre et non point en enfer.

Partager cet article
Repost0
7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:25

Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies,
Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
Cheutes à terre elles fussent demain.

Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de tems cherront toutes flétries,
Et comme fleurs, periront tout soudain.

Le tems s'en va, le tems s'en va, ma Dame,
Las ! le tems non, mais nous nous en allons,
Et tost serons estendus sous la lame :

Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle :
Pour-ce aimés moy, ce-pendant qu'estes belle.

Partager cet article
Repost0
6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 13:57

On reconnait le bonheur paraît-il
Au bruit qu'il fait quand il s'en va
C'était pas l' dernier des imbéciles
Celui qu'a dit ça
Le mien s'en est allé hier
Après vingt berges de sous mon toit

Ca a fait un boucan d'enfer
Je ne supporte pas
Ca fait croire un peu qu' les proverbes
Disent pas toujours n'importe quoi
Adieu l'amour, bonjour la merde
Qui tombe sur moi

C'était pas un petit bonheur pépère
D'épicerie ou de bar tabac
C'était un bonheur grand comme la terre
Même plus grand que ça
Grand comme tous les volcans d'Auvergne
Comme un palais de Maharaja
Comme le trésor dans la caverne d'Ali-Baba

P't'être qu'il était devenu fragile
P't'être qu'il était trop grand pour moi
Peu importe, toujours est-il
Je l'voyais pas

Mon amour a claqué la porte
Mais j'étais pas du bon côté
Là, pareil à une feuille morte
Sur le pavé

J'ai beau chercher auprès des potes
Le réconfort de l'amitié
Les pauvres, z'en auront plein les bottes
De m'voir pleurer
Parce que dans ces cas là mon pote
Tu te fous de la dignité
Quand tu sais que tes amours sont mortes
A tout jamais

On reconnait le bonheur parait-il
Au bruit qu'il fait quand il s'en va
C'était pas le dernier des imbéciles
Celui qu'a dit ça

Le bonheur s'est cru devoir partir
Après vingt berges de sous mon toit
Je n'ai plus qu'une envie, c'est mourir
Mais ça s'fait pas

Mon cœur ressemble à Tchernobyl
Et ma vie à Hiroshima
J'ai plus qu'une envie, c'est mourir
Ben ça viendra
J'ai plus qu'une envie, c'est mourir
Ben ça viendra

Partager cet article
Repost0
6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 13:56

            Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie
            Aurore d'une ville un beau matin de mai
            Sur laquelle la terre a refermé son poing
            Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
            Et la mort entre en moi comme dans un moulin

Notre vie disais-tu si contente de vivre
Et de donner la vie à ce que nous aimions
Mais la mort a rompu l'équilibre du temps
La mort qui vient la mort qui va la mort vécue
La mort visible boit et mange à mes dépens

Morte visible Nusch invisible et plus dure
Que la faim et la soif à mon corps épuisé
Masque de neige sur la terre et sous la terre
Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle
Mon passé se dissout je fais place au silence

Partager cet article
Repost0
6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 13:54

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Partager cet article
Repost0