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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 12:51

Qui pourrait contester que le droit à l’eau est un droit humain essentiel ? Comme beaucoup d’acteurs internationaux, nous sommes favorables à une reconnaissance internationale de ce droit. Encore faut-il que celui-ci soit associé au droit à l’assainissement, fondamental pour la santé publique.

Parce que ce droit est fondamental, il doit devenir effectif pour le milliard d’hommes aujourd’hui privés d’eau potable et les 2,5 milliards dépourvus d’assainissement. Or qui dit instauration d’un droit dit instauration d’une créance avec un débiteur en charge de l’honorer. […]

Dès lors, la question n’est pas seulement d’instaurer ce droit à l’eau, mais d’en identifier le débiteur. Ce ne peut être que les autorités publiques, et, plus précisément, les autorités locales, puisque, dans la plupart des pays, ce sont elles qui assurent l’alimentation en eau. C’est une redoutable responsabilité que d’être débiteur du droit à l’eau pour tous. […]

Déjà, pour traduire ce droit sur le terrain sans attendre qu’il soit érigé par la communauté internationale, des autorités publiques ont bâti des systèmes pragmatiques. Au Gabon, par exemple, trois types de solidarité se conjuguent pour faire du droit à l’eau une réalité : une solidarité entre abonnés qui allège le prix des consommations de base ; une solidarité géographique entre centres isolés et grandes villes, celles-ci finançant ceux-là ; une solidarité interactivité, les ressources du service de l’électricité finançant les investissements du service de l’eau.

Moins de dix années nous séparent de l’échéance fixée pour atteindre les Objectifs du millénaire : diminuer de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau et à l’assainissement. Grâce aux progrès rapides réalisés par le géant chinois, on pourrait espérer qu’au moins pour l’eau potable l’objectif global soit tenu. Mais dans d’autres régions du monde, il semble bien qu’on soit loin du compte, et l’on ne dispose toujours pas d’un véritable outil d’évaluation. A la confiance des Nations unies, répond le doute des gens de terrain. Hormis pour l’Asie en forte croissance, l’augmentation des taux de desserte tarde. Sans un changement de braquet, en particulier dans le domaine de l’assainissement, la communauté internationale ne tiendra pas ses engagements, notamment en Afrique.

Ce diagnostic pessimiste est souvent justifié par l’immobilisme qui prédomine dans bien des pays ou par l’échec d’un certain nombre de projets lancés dans les années 1990. Des erreurs ont pu être commises, reconnaissons-le. On sait moins, parce qu’on en parle moins, que d’autres projets, au moins aussi nombreux, sont en passe de réussir. Par exemple, au Maroc, depuis 2001, 4 millions de personnes ont été raccordées au réseau d’alimentation en eau potable, soit près de 15 % de la population. Ce qui n’est pas rien. Au Gabon, en huit ans depuis le passage en gestion déléguée, la population raccordée à des systèmes modernes d’alimentation en eau est passée de 40 % à près de 70 %. De tels rythmes laissent présager que, dans ces pays, les Objectifs du millénaire pour l’eau seront dépassés. Ces réussites autorisent à regarder l’avenir avec un optimisme raisonné. Elles prouvent qu’il n’y a pas de fatalité devant les pénuries de services essentiels.

On connaît les pistes prometteuses pour mettre en œuvre concrètement le droit à l’eau : définir des politiques nationales, confier aux autorités locales la responsabilité et le financement de ce service de proximité, associer les populations concernées, pratiquer des tarifs socialement acceptables, créer les conditions de la confiance pour financer les investissements, choisir un opérateur efficace, transférer les savoir-faire, combattre la corruption.

Afin de tirer tous les enseignements des différentes expériences et surtout afin de les faire partager à l’ensemble des acteurs, il nous semble que le temps est venu de proposer la création d’un organisme international indépendant chargé de repérer, sur la base d’indicateurs de réussite objectifs, les démarches et les systèmes de gouvernance qui favorisent l’accès du plus grand nombre à l’eau.

Ce "Conseil des bonnes pratiques pour le droit à l’eau" serait un lieu de rencontre et de partage d’expériences, ouvert à tous ceux qui veulent sincèrement dialoguer pour progresser. Là, les collectivités locales et les parlementaires avec leur sens de la mission publique, les ONG avec leurs savoir-faire sociaux, les entreprises avec leur expertise et leur souci d’efficacité détermineraient, sans complaisance mais sans malveillance, quelles sont les meilleures solutions pour combler rapidement les retards.

Dans notre histoire, l’eau a davantage été un sujet de coopération que d’opposition. C’est un des enjeux du Forum de Mexico que de dépasser des conflits souvent artificiels pour promouvoir une logique de partage et d’efficacité ; pour faire de la modernisation des services d’eau une priorité des villes et Etats du Sud, ce qui est trop rarement le cas aujourd’hui.

Le droit à l’eau mérite mieux que les affrontements stériles qui détournent les énergies de l’action. Le monde de l’eau qui se réunit à Mexico entendra-t-il l’appel que lançait Gabriel Garcia Marquez : "N’attendez rien du XXIe siècle, c’est le XXIe siècle qui attend tout de nous" ?

Le Monde du 17 mars 2006

Antoine Frérot est directeur général de Veolia- eau, l’un des grands opérateurs français du secteur.

I- Questions (10 points)

  1. Etudiez les indices d’énonciation dans les paragraphes 5 et 6. (4 points)
  2. Précisez la progression argumentative du 6ème au 9ème paragraphe. (4 points)
  3. Reformulez en une phrase la thèse de l’auteur. (2 points)

II- Travail d’écriture : (10 points)

« N’attendez rien du XXIème siècle, c’est le XXIème siècle qui attend tout de nous. », lance l’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature.

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 12:41

Acte 1 scène 6 : monologue de Rodrigue, Le Cid, Corneille

291 Percé jusques au fond du cœur
D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d'une juste querelle,
Et malheureux objet d'une injuste rigueur,
295 Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
O Dieu, l'étrange peine !
En cet affront mon père est l'offensé,
300 Et l'offenseur le père de Chimène !
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse :
L'un m'anime le coeur, l'autre retient mon bras.

305 Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Dieu, l'étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
310 Faut-il punir le père de Chimène ?
Père, maîtresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L'un me rend malheureux, l'autre indigne du jour.

315 Cher et cruel espoir d'une âme généreuse
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Fer qui causes ma peine,
M'es-tu donné pour venger mon honneur ?
320 M'es-tu donné pour perdre ma Chimène ?
Il vaut mieux courir au trépas.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père :
J'attire en me vengeant sa haine et sa colère ;
J'attire ses mépris en ne me vengeant pas.

325 A mon plus doux espoir l'un me rend infidèle,
Et l'autre, indigne d'elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir,
Tout redouble ma peine.
Allons, mon âme ; et puisqu'il faut mourir,
330 Mourons du moins sans offenser Chimène.
Mourir sans tirer ma raison !
Rechercher un trépas si mortel à ma gloire !
Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire
D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison !

335 Respecter un amour dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
N'écoutons plus ce penser suborneur,
Qui ne sert qu'à ma peine.
Allons, mon bras, sauvons du moins l'honneur,
340 Puisqu'après tout il faut perdre Chimène.
Oui, mon esprit s'était déçu.
Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse.
Que je meure au combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l'ai reçu.

345 Je m'accuse déjà de trop de négligence :
Courons à la vengeance ;
Et tout honteux d'avoir tant balancé,
Ne soyons plus en peine,
Puisqu'aujourd'hui mon père est l'offensé,
350 Si l'offenseur est père de Chimène.

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 12:40

Il leva un bras dans un geste lent, il commença ; mais sa voix ne grondait plus, il avait pris le ton froid d'un simple mandataire du peuple qui rend ses comptes. Enfin, il plaçait le discours que le commissaire de police lui avait coupé au Bon-Joyeux ; et il débutait par un historique rapide de la grève, en affectant l'éloquence scientifique : des faits, rien que des faits.  D'abord, il dit sa répugnance contre la grève : les mineurs ne l'avaient pas voulue, c'était la Direction qui les avait provoqués, avec son nouveau tarif de boisage. Puis, il rappela la première démarche des délégués chez le directeur, la mauvaise foi de la Régie, et plus tard, lors de la seconde démarche, sa concession tardive, les dix centimes qu'elle rendait, après avoir tâché de les voler. Maintenant, on en était là, il établissait par des chiffres le vide de la caisse de prévoyance, indiquait l'emploi des secours envoyés, excusait en quelques phrases l'Internationale, Pluchart et les autres, de ne pouvoir faire davantage pour eux, au milieu des soucis de leur conquête du monde. Donc, la situation s'aggravait de jour en jour, la Compagnie renvoyait les livrets et menaçait d'embaucher des ouvriers en Belgique ; en outre, elle intimidait les faibles, elle avait décidé un certain nombre de mineurs à redescendre. Il gardait sa voix monotone comme pour insister sur ces mauvaises nouvelles, il disait la faim victorieuse, l'espoir mort, la lutte arrivée aux fièvres dernières du courage. Et, brusquement, il conclut, sans hausser le ton.
« C'est dans ces circonstances, camarades, que vous devez prendre une décision ce soir. Voulez-vous la continuation de la grève ? et, en ce cas, que comptez-vous faire pour triompher de la Compagnie ? »


Un silence profond tomba du ciel étoilé. La foule, qu’on ne voyait pas, se taisait dans la nuit, sous cette parole qui lui étouffait le cœur ; et l'on n’entendait que son souffle désespéré, au travers des arbres.
Mais Étienne, déjà, continuait d'une voix changée. Ce n’était plus le secrétaire de l'association qui parlait, c'était le chef de bande, l'apôtre apportant la vérité.

Est-ce qu'il se trouvait des lâches pour manquer à leur parole ?                                          Quoi ! depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait ! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? Toujours se soumettre devant la faim jusqu’au moment où la faim, de nouveau, jetait les plus calmes à la révolte, n'était-ce pas un jeu stupide qui ne pouvait durer davantage ?

Et il montrait les mineurs exploités, supportant à eux seuls les désastres des crises, réduits à ne plus manger, dès que les nécessités de la concurrence abaissaient le prix de revient.

Non ! le tarif de boisage n'était pas acceptable, il n’y avait là qu'une économie déguisée, on voulait voler à chaque homme une heure de son travail par jour. C'était trop cette fois, le temps venait où les misérables, poussés à bout, feraient justice.


Il resta les bras en l'air.
La foule, à ce mot de justice, secouée d'un long frisson, éclata en applaudissements, qui roulaient avec un bruit de feuilles sèches. Des voix criaient : «Justice ! ... Il est temps, justice ! »


Peu à peu, Étienne s'échauffait. Il n’avait pas l'abondance facile et coulante de Rasseneur. Les mots lui manquaient souvent, il devait torturer sa phrase, il en sortait par un effort qu'il appuyait d'un coup d'épaule. Seulement, à ces heurts continuels, il rencontrait des images d'une énergie familière, qui empoignaient son auditoire ; tandis que ses gestes d'ouvrier au chantier, ses coudes rentrés, puis détendus et lançant -les poings en avant, sa mâchoire brusquement avancée, comme pour mordre, avaient eux aussi une action extraordinaire sur les camarades. Tous le disaient, il n’était pas grand, mais il se faisait écouter.


« Le salariat est une forme nouvelle de l'esclavage, reprit-il d'une voix plus vibrante.           La mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan... Entendez-vous ! la mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l'avez payée de tant de sang et de misère !

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 12:38

Malgré toutes les promesses de prudence faites au directeur de sa conscience et à son mari, à peine arrivée à Besançon elle écrivit de sa main à chacun des trente-six jurés:

"Je ne paraîtrai point le jour du jugement monsieur parce que ma présence pourrait jeter de la défaveur sur la cause de M. Sorel. Je ne désire qu'une chose au monde et avec passion, c'est qu'il soit sauvé. N'en doutez point, l'affreuse idée qu'à cause de moi un innocent a été conduit à la mort empoisonnerait le reste de ma vie et sans doute l'abrégerait. Comment pourriez-vous le condamner à mort, tandis que moi je vis? Non, sans doute, la société n'a point le droit d'arracher la vie, et surtout à un être tel que Julien Sorel. Tout le monde, à Verrières, lui a connu des moments d'égarement. Ce pauvre jeune homme a des ennemis puissants; mais, même parmi ses ennemis (et combien n'en a-t-il pas!) quel est celui qui met en doute ses admirables talents et sa science profonde? Ce n'est pas un sujet ordinaire que vous allez juger, monsieur. Durant près de dix-huit mois, nous l'avons tous connu pieux, sage, appliqué; mais, deux ou trois fois par an, il était saisi par des accès de mélancolie qui allaient jusqu'à l'égarement. Toute la ville de Verrières, tous nos voisins de Vergy où nous passons la belle saison, ma famille entière, M. le sous-préfet lui-même, rendront justice à sa piété exemplaire; il sait par cœur toute la sainte Bible. Un impie se fût-il appliqué pendant des années à apprendre le livre saint? Mes fils auront l'honneur de vous présenter cette lettre: ce sont des enfants. Daignez les interroger, monsieur, ils vous donneront sur ce pauvre jeune homme tous les détails qui seraient encore nécessaires pour vous convaincre de la barbarie qu'il y aurait à le condamner. Bien loin de me venger, vous me donneriez la mort.

"Qu'est-ce que ses ennemis pourront opposer à ce fait? La blessure, qui a été le résultat d'un de ces moments de folie que mes enfants eux-mêmes remarquaient chez leur précepteur, est tellement peu dangereuse, qu'après moins de deux mois elle m'a permis de venir en poste de Verrières à Besançon. Si j apprends, monsieur, que vous hésitiez le moins du monde à soustraire à la barbarie des lois un être si peu coupable, je sortirai de mon lit où me retiennent uniquement les ordres de mon mari et j'irai me jeter à vos pieds.

"Déclarez, monsieur, que la préméditation n'est pas constante, et vous n'aurez pas à vous reprocher le sang d'un innocent, etc., etc."

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 12:38

Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres.
La liberté est un présent du Ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison.
Si la nature a établi quelque autorité, c'est la puissance paternelle: mais la puissance paternelle a ses bornes; et dans l'état de nature, elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire.
Toute autre autorité vient d'une autre origine que la nature.
Qu'on examine bien et on la fera toujours remonter à l'une de ces deux sources: ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé; ou le consentement de ceux qui s'y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux et celui à qui ils ont déféré l'autorité.
La puissance qui s'acquiert par la violence n'est qu'une usurpation et ne dure qu'autant que la force de celui qui commande l'emporte sur celle de ceux qui obéissent; en sorte que, si ces derniers deviennent à leur tour les plus forts, et qu'ils secouent le joug, ils le font avec autant de droit et de justice que l'autre qui le leur avait imposé.
La même loi qui a fait l'autorité la défait alors; c'est la loi du plus fort.
Quelquefois, l'autorité qui s'établit par la violence change de nature; c'est lorsqu'elle continue et se maintient du consentement exprès de ceux qu'on a soumis: mais elle rentre par là dans la seconde espèce dont je vais parler et celui qui se l'était arrogé devenant alors prince cesse d'être tyran.
La puissance, qui vient du consentement des peuples, suppose nécessairement des conditions qui en rendent l'usage légitime, utile à la société, avantageux à la république, et qui la fixent et la restreignent entre des limites; car l'homme ne doit ni ne peut se donner entièrement et sans réserve à un autre homme, parce qu'il a un maître supérieur au-dessus de tout, à qui seul il appartient tout entier.
C'est Dieu, dont le pouvoir est toujours immédiat sur la créature, maître aussi jaloux qu'absolu, qui ne perd jamais ses droits et ne les communique point.
Il permet pour le bien commun et pour le maintien de la société que les hommes établissent entre eux un ordre de subordination, qu'ils obéissent à l'un d'eux; mais il veut que ce soit par raison et avec mesure, et non pas aveuglément et sans réserve, afin que la créature ne s'arroge pas les droits du Créateur.
Toute autre soumission est le véritable crime de l'idolâtrie.
D'ailleurs le gouvernement, quoique héréditaire dans une famille, et mis entre les mains d'un seul, n'est pas un bien particulier, mais un bien public, qui par conséquent ne peut jamais être enlevé au peuple, à qui seul il appartient essentiellement et en pleine propriété.
Aussi est-ce toujours lui qui en fait le bail: il intervient toujours dans le contrat qui en adjuge l'exercice.[...]
Celui qui porte la couronne peut bien s'en décharger absolument s'il le veut: mais il ne peut la remettre sur la tête d'un autre sans le consentement de la nation qui l'a mise sur la sienne.
En un mot, la couronne, le gouvernement, l'autorité publique sont des biens dont le corps de la nation est propriétaire, et dont les princes sont les usufruitiers, les ministres et les dépositaires

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 12:31

Monsieur le président
Je vous fais une bafouille
Que vous lirez sûrement
Si vous avez des couilles
Je viens de recevoir
Un coup d'fil de mes vieux
Pour m'prévenir qu'les gendarmes
S'étaient pointés chez eux
J'ose pas imaginer
C'que leur a dit mon père
Lui, les flics, les curés
Et pis les militaires
Les a vraiment dans l'nez
P't-être encore plus que moi
Dès qu'il peut en bouffer
L'vieil anar' y s'gêne pas
L'vieil anar' y s'gêne pas

Alors y parait qu'on m'cherche
Qu'la France a besoin d'moi
C'est con, j'suis en Ardèche
Y fait beau, tu crois pas
J'suis là avec des potes
Des écolos marrants
On a une vieille bicoque
On la retape tranquillement
On fait pousser des chèvres
On fabrique des bijoux
On peut pas dire qu'on s'crève
L'travail, c'est pas pour nous
On a des plantations
Pas énormes, trois hectares
D'une herbe qui rend moins con
Non, c'est pas du ricard
Non, c'est pas du ricard

Monsieur le président
Je suis un déserteur
De ton armée de glands
De ton troupeau d'branleurs
Ils auront pas ma peau
Toucheront pas à mes cheveux
J'saluerai pas l'drapeau
J'marcherai pas comme les bœufs
J'irai pas en Allemagne
Faire le con pendant douze mois
Dans une caserne infâme
Avec des plus cons qu'moi
J'aime pas recevoir des ordres
J'aime pas me lever tôt
J'aime pas étrangler le borgne
Plus souvent qu'il ne faut
Plus souvent qu'il ne faut

Puis surtout c'qui m'déplait
C'est que j'aime pas la guerre
Et qui c'est qui la fait
Ben c'est les militaires
Ils sont nuls, ils sont moches
Et pis ils sont teigneux
Maintenant j'vais t'dire pourquoi
J'veux jamais être comme eux
Quand les Russes, les Ricains
Feront péter la planète
Moi, j'aurais l'air malin
Avec ma bicyclette
Mon pantalon trop court
Mon fusil, mon calot
Ma ration d'topinambour
Et ma ligne Maginot
Et ma ligne Maginot

Alors me gonfle pas
Ni moi, ni tous mes potes
Je serai jamais soldat
J'aime pas les bruits de bottes
T'as plus qu'a pas t'en faire
Et construire tranquilos
Tes centrales nucléaire
Tes sous-marins craignos
Mais va pas t'imaginer
Monsieur le président
Que j'suis manipulé
Par les rouges ou les blancs
Je n'suis qu'un militant
Du parti des oiseaux
Des baleines, des enfants
De la terre et de l'eau
De la terre et de l'eau

Monsieur le président
Pour finir ma bafouille
J'voulais t'dire simplement
Ce soir on fait des nouilles
A la ferme c'est l'panard
Si tu veux, viens bouffer
On fumera un pétard
Et on pourra causer
On fumera un pétard
Et on pourra causer

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 08:05

        Honte à qui peut chanter( A Nemesis, Odes politiques) Lamartine

 

Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle,
S'il n'a l'âme et la lyre et les yeux de Néron,
Pendant que l'incendie en fleuve ardent circule
Des temples aux palais, du Cirque au Panthéon !
Honte à qui peut chanter pendant que chaque femme
Sur le front de ses fils voit la mort ondoyer,
Que chaque citoyen regarde si la flamme
Dévore déjà son foyer !

Honte à qui peut chanter pendant que les sicaires
En secouant leur torche aiguisent leurs poignards,
Jettent les dieux proscrits aux rires populaires,
Ou traînent aux égouts les bustes des Césars !
C'est l'heure de combattre avec l'arme qui reste ;
C'est l'heure de monter au rostre ensanglanté,
Et de défendre au moins de la voix et du geste
Rome, les dieux, la liberté !

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 07:55

La pauvreté s’étend. Elle est devenue l’un des défis majeurs de la fin du millénaire. Elle n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’un accroissement spectaculaire de disparités et d’inégalités. Tandis qu’une minorité de nantis vit dans le confort moral, intellectuel et matériel du «village planétaire», une écrasante majorité de pauvres peine à seulement survivre: l’écart de revenu entre le cinquième des êtres humains les plus riches et le cinquième des plus pauvres atteignait 74 à 1 en 1997, contre 30 à 1 en 1960 (Rapport mondial sur le développement humain, PNUD, 1999). La mondialisation ne fait que renforcer cette tendance. L’écart va s’élargissant: l’accès à l’éducation, à la culture, aux services sociaux et de santé, à l’emploi et au logement n’est pas le même selon l’origine géographique ou ethnique, l’âge, le sexe ou l’apparence physique.

Ces différences renvoient dos à dos des pans entiers de société et rejettent les plus défavorisés dans la marginalisation. Ce phénomène est particulièrement grave dans nombre de pays en développement et, en leur sein, parmi la population jeune.

Que l’on ne s’y trompe pas: l’exclusion n’est pas nécessairement le lot d’une minorité.

En matière d’éducation, dans de nombreux pays en développement, le nombre des analphabètes dépasse très largement la moitié de la population et, parmi ces derniers, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Dans beaucoup de ces pays, notamment en Afrique subsaharienne, les taux de scolarisation dans l’enseignement primaire demeurent excessivement faibles, atteignant parfois à peine 30 % à 40 % de la classe d’âge concernée. Les 60 % ou 70 % restants qui ne peuvent accéder à l’école ne sont pas des marginaux mais ils sont pourtant bel et bien des exclus de l’éducation. Et cette exclusion précoce risque de torpiller toute leur vie future car, en toute logique, celui ou celle qui n’a pas eu la chance d’accéder à la première marche de la formation initiale parviendra rarement aux étages supérieurs. L’éducation est un processus cumulatif: plus longtemps on a été scolarisé, plus on cherchera à parfaire ses connaissances tout au long de sa vie adulte.

L’exclusion est également un processus cumulatif. Partout dans le monde. Les illettrés des pays développés – qui ont bénéficié de l’instruction obligatoire et ne sont pas totalement analphabètes, mais ne maîtrisent pas suffisamment les bases requises pour pouvoir se débrouiller dans la vie de tous les jours – pâtissent d’exclusions sociales et économiques. Ils illustrent amèrement une définition du Conseil de l’Europe selon laquelle les exclus sont «des groupes entiers de personnes [qui] se trouvent partiellement ou totalement en dehors du champ d’application effectif des droits de l’homme».

Lorsque les économies nationales sont à bout de souffle, là où les systèmes formels d’éducation ont atteint leurs limites, et pour ceux qui n’ont pu y accéder, les alternatives proposées doivent être crédibles, réalistes et de qualité. Il faut innover. C’est ce à quoi s’emploie l’UNESCO. Comme on le verra dans les exemples présentés ci-après, il ne s’agit pas de créer de nouvelles structures éducatives lourdes mais de collaborer avec les gouvernements, les partenaires de terrain et les organisations non gouvernementales pour permettre aux exclus de développer puis de renforcer leurs propres capacités.

Ce que l’éducation conventionnelle ne peut souvent plus accomplir, l’éducation non formelle de base ambitionne de le réaliser à un moindre coût et en moins de temps. Elle met en œuvre des dispositifs pratiques et fonctionnels qui intègrent l’alphabétisation et l’acquisition de connaissances de base selon des méthodes d’apprentissage adaptées à des contextes diversifiés, le plus souvent sans référence au système scolaire traditionnel.

Pour atteindre son but, cette éducation non formelle de base doit s’ancrer dans la réalité la plus quotidienne et déboucher sur des résultats immédiatement tangibles pour les apprenants. Au risque, sinon, de susciter de nouveaux rejets et des désillusions définitives.

En un mot, l’éducation contre l’exclusion consiste à donner aux gens les moyens de s’en sortir par eux-mêmes.

Jean-Pierre Velis, Revues Sources (Unesco) n°116, octobre 1999

I- Questions (10 points)

  1. Quel est le mode de raisonnement utilisé par l’auteur du premier au deuxième paragraphe ? (2 points)
  2. Dans le troisième paragraphe, étudiez le degré d’implication du locuteur. (3 points)
  3. Quelle progression logique constatez-vous entre le premier et les deux derniers paragraphes ? (3 points)
  4. Repérez puis reformulez la thèse soutenue par l’auteur. (2 points)

II- Travail d’écriture : (10 points)

Jean-Pierre Velis affirme dans ce texte : « celui ou celle qui n’a pas eu la chance d’accéder à la première marche de la formation initiale parviendra rarement aux étages supérieurs. L’éducation est un processus cumulatif… » Discutez ces propos

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 07:35

DETROIT (AFP, 25/10/05) - Rosa Parks, la noire américaine qui, en 1955, avait refusé de céder sa place à un blanc dans un autobus et avait ainsi déclenché un mouvement qui devait mettre fin à la ségrégation, est morte à l'âge de 92 ans, ont rapporté lundi les médias locaux.

La pionnière dans la défense des droits des noirs américains est décédée chez elle à Detroit (Michigan, nord), selon The Detroit News.

Elle avait à l'époque refusé de céder sa place à un blanc, comme c'était alors la règle dans tout le sud des Etats-Unis, où était imposée une ségrégation raciale très stricte.

Ce refus avait entraîné son arrestation et avait eu pour conséquence le boycott par la communauté noire des autobus de Montgomery (Alabama, sud) pendant un an, début du mouvement pour les droits civiques des noirs.

Un jeune pasteur, Martin Luther King, prit la tête du boycott et du mouvement non-violent contre la ségrégation et la discrimination raciale qui devait déboucher sur un changement de la législation au niveau local, de l'Etat et enfin au plan fédéral, en faveur des noirs.

"Certains disent que je ne me suis pas levée tout simplement parce que j'étais fatiguée", avait rappelé Mme Parks dans une interview il y a quelques années. "Ce n'est pas vrai. Je n'étais pas fatiguée physiquement, ou du moins pas plus qu'après n'importe quel autre jour de travail. Mais j'étais fatiguée de céder."

En refusant de se lever pour céder sa place à un blanc, Mme Parks "s'est en fait levée pour lutter pour tous les Américains", a déclaré à CNN le représentant John Lewis, lui-même participant du mouvement pour les droits civiques qui a suivi.

"Pendant 381 jours, les gens ont marché des kilomètres chaque jour plutôt que de prendre les autobus où régnait la ségrégation. Ils ont organisé un service de voitures pour ceux qui devaient aller vraiment trop loin. Le geste de Rosa Parks a inspiré un mouvement de résistance massive contre la ségrégation et la discrimination raciale", a-t-il rappelé.

Les pasteurs dans les différentes églises de la ville, à commencer par Martin Luther King, encourageaient leurs ouailles chaque dimanche à poursuivre le mouvement, malgré la fatigue. Tandis que les rares noirs propriétaires de voitures ou chauffeurs de taxis mettaient en place un système de transport parallèle, rejoints par quelques blancs, parfois par idéologie, parfois simplement parce qu'ils avaient besoin que leurs employés noirs viennent travailler.

Peu à peu, grâce en partie à l'écho international qu'a eu le mouvement, des fonds ont commencé à arriver, permettant de mettre en place un service d'autobus parallèle.

Finalement, après plus d'un an, la Cour suprême a déclaré illégale la ségrégation dans les autobus. Et le mouvement des droits civiques qui avait ainsi été lancé finit en quelques années par venir à bout de tout le système de ségrégation raciale qui régnait dans le sud.

Si le mouvement était non-violent, la réaction des blancs et celle des autorités, elles, ne l'ont pas été, et de nombreux noirs en ont été victimes.

Mme Parks a payé cher son geste de révolte. Après son arrestation, elle et son mari ont tous deux été licenciés - officiellement pour raisons économiques. Et elle a dû finir par quitter la ville pour aller s'installer dans le nord après avoir reçu d'innombrables menaces de mort.

I - Questions (10 points)

  1. Identifiez le type de texte. Justifiez votre réponse. (4 pt)
  2. Quel est le thème du texte ? Justifiez votre réponse. (2 pt)
  3. Quelle est la thèse ? De qui est-elle ? (2 pt)
  4. Quelle est l’antithèse ? De qui est-elle ? (2 pt)

II- Travail d’écriture (10 points)

Ici et aujourd’hui, quelle cause seriez-vous prêt à défendre et de quelle manière originale ?

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 07:35

Quand donc on demande absolument quel est le meilleur gouvernement, on fait une question insoluble comme indéterminée; ou si l'on veut, elle a autant de bonnes solutions qu'il y a de combinaisons possibles dans les positions absolues et relatives des peuples.
Mais si l'on demandait à quel signe on peut connaître qu'un peuple donné est bien ou mal gouverné, ce serait autre chose, et la question de fait pourrait se résoudre.
Cependant on ne la résout point, parce que chacun veut la résoudre à sa manière. Les sujets vantent la tranquillité publique, les citoyens la liberté des particuliers, l'un préfère la sûreté des possessions, et l'autre celle des personnes; l'un veut que le meilleur gouvernement soit le plus sévère, l'autre soutient que c'est le plus doux; celui-ci veut qu'on punisse les crimes, et celui-là qu'on les prévienne; l'un trouve beau qu'on soit craint des voisins, l'autre aime mieux qu'on en soit ignoré, l'un est content quand l'argent circule, l'autre exige que le peuple ait du pain. Quand même on conviendrait sur ces points et d'autres semblables, en serait-on plus avancé? Les quantités morales manquant de mesure précise, fût-on d'accord sur le signe, comment l'être sur l'estimation?
Pour moi, je m'étonne toujours qu'on méconnaisse un signe aussi simple, ou qu'on ait la mauvaise foi de n'en pas convenir. Quelle est la fin de l'association politique? C'est la conservation et la prospérité de ses membres. Et quel est le signe le plus sûr qu'ils se conservent et prospèrent? C'est leur nombre et leur population. N'allez donc pas chercher ailleurs ce signe si disputé. Toutes choses d'ailleurs égales, le gouvernement sous lequel, sans moyens étrangers, sans naturalisations, sans colonies, les citoyens peuplent et multiplient davantage est infailliblement le meilleur: celui sous lequel un peuple diminue et dépérit est le pire. Calculateurs, c'est maintenant votre affaire; comptez, mesurez, comparez.

I- Questions (10 points)

  1. Relevez dans le texte un champ lexical dominant et interprétez-le. (2 points)
  2. Relevez dans le texte les indices qui permettent de connaître la position de l’auteur sur le thème traité dans le texte. (2 points)
  3. Reformulez en une phrase la thèse de l’auteur (2 points)
  4. Etudiez la stratégie argumentative employée par l’auteur dans le texte. (2 points)
  5. Quelle est la tonalité du texte ? Justifiez votre réponse. (2 points)

II- Travail d’écriture : (10 points)

A quels signes on peut connaître qu'un peuple donné est bien ou mal gouverné ?

Répondez à la question illustrant votre argumentation d’exemples précis

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