Petit-Paris a pleuré
En cette nuit moirée
Martelée par les cris stridents
D’hommes et de femmes abasourdis.
Les oreilles de Zoa ont vibré ;
Dans une fortification en contrebas,
Des enfants lapés par les lames de feu,
Se consument au fond d’un puits de flammes,
Abîme brûlant, rougeâtre et jaunâtre,
Prisonniers d’une forteresse d’acier incandescente.
Par instinct de survie, au sein de leur âtre
Des bambins candides, de chair et d’os meurtris
Communiant dans leur passion, tentent
De conjurer le sort.
Fondant, calcinés, agglutinés
Autour de l’aîné, ils cherchent un port.
Les cinq petits êtres, la combustion
Aidant, se muent en lave de plomb
Suintante, bientôt séchée et moulue.
Pendant cette nuit lugubre
Petit-Paris a pleuré
Les yeux de Zoa ont vu :
Hommes et femmes jusqu’au sang, émus
Bras ballants, impuissants,
Assister à ce spectacle révoltant.
Des pompiers arrivés bien trop tard
- Manque de carburant ? Peur des farceurs ? -
Ayant pour équipement sinistre et meurtrier
Un matériel de fer et d’acier, puis
Trois petits cercueils noirs
Défoncent, arrachent, scient
Portes et fenêtres pour extirper
De cette fournaise l’amas de corps
Calcinés, carbonisés, lacérés de
ASAFA, ABOU, MOUSSA
DADA et AICHA !!! (…)