Joël, un jeune cadre, doit soutenir un dossier devant un conseil d’administration.
Le président du conseil d’administration prend place. L’ordre du jour est adopté.
Des minutes s’égrènent, des heures passent, les différents intervenants se succèdent, chacun tente pour le mieux de convaincre les décideurs. Trois sont déjà recalés.
Ceux qui n’ont pas encore présenté leur projet sentent leur tension monter.
C’est le tour de Joël.
Il explique l’importance du projet et les retombées immédiates.
Il parle depuis trente minutes. Après avoir répondu aux questions, il attend le verdict.
L’heure est grave. Les battements de son cœur s’accélèrent, de telle manière que, à l’approcher, on verrait presque ses muscles tambouriner sous sa veste.
A cet instant, il se souvient de ce que son collègue lui disait.A propos du refus du projet par les décideurs.
Joël tremble comme une feuille. L’attente parait insoutenable.
Ses jambes l’abandonnent. Elles se glacent, se solidifient, s’effritent sans pour autant rompre, puisqu’il tient toujours debout.
La salle climatisée devient une chaudière pour Joël qui transpire maintenant à si grosses gouttes que sa chemise en a assez de retenir cette inondation, elle cède et laisse la veste éponger ce nouveau cours d’eau.
Le pantalon moule désormais ses jambes qui refusent, cependant, de se briser.
L’éternelle attente devant tous ces yeux qui projettent des étincelles rieuses, qui au fil d’interminables minutes deviennent tantôt agressives tantôt compatissantes.
Ce silence lourd dont aucune toux ne vient percer l’épaisseur dérange encore plus l’exposant. Parce qu’un quelconque bruit soulagerait son procès, ces regards hagards et cette concertation silencieuse et douloureuse.
Enfin, le président du conseil prend la parole et communique la décision : le projet est approuvé. Aussitôt, le soleil brille et réchauffe Joël qui, soudainement, tout en jubilant s’assied.
Son collègue passe, à son tour, son examen et le réussit brillamment.
Le soir, dans un restaurant chic du coté du quartier Louis, les deux collègues ont déjà terminé un champagne en apéritif et le deuxième est bien entamé.
Ils dégustent, l’un du magret de canard et l’autre du poisson salé aux aubergines.
Ils sont joyeux d’avoir vaincu le signe indien.