La porte s’ouvre sous la poussée d’une force maléfique.
Une femme supplie : Je t’en prie, Prosper, ce n’est pas de sa faute si…
Une voix rauque l’interrompt : Laisse-moi faire !
Un homme petit et laid, dont le ventre proéminent occupe tout l’espace de la porte entrebâillée, aboie : C’est bien ici la chambre de Coulibaly Mamadou ?
Le nommé se lève sans répondre.
L’étranger et lui se jaugent du regard dans un silence menaçant.
L’homme est d’âge mûr. La quarantaine.
Une calvitie avance sur un front bombé, dégarni et luisant.
Des gouttes de sueur perlent sur son nez épaté.
Il a chaud dans son costume de fonctionnaire.
Le jeune homme, grand et mince, a les cheveux coupés court, le menton imberbe et lisse.
Il est sans doute du nord. Il porte une tunique musulmane ample.
Les yeux de tous les étudiants se sont détournés du téléviseur pour se porter tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre des protagonistes.
L’aspect du jeune homme a douloureusement assuré l’inconnu qu’il a bien en face de lui la personne recherchée.
Il met la main droite à l’intérieur de sa veste, au côté gauche.
Un objet noir apparaît dans sa main.
Dans le champ de vision de l’adolescent, cet objet fait maintenant partie d’un arrière-plan flou.
Son attention est fixée sur l’espace situé entre le corps ennemi et la porte entrouverte…
Oui, il peut passer…
À condition d’enjamber auparavant les corps de ses compagnons...