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3 février 2017 5 03 /02 /février /2017 14:15

Le soulagement qui soulagea les cœurs du petit monde du bourbier au début des travaux finit par s’émousser devant le manège du conducteur du bulldozer.
Lentement, chacun regagna son petit abri, assommé par plusieurs jours de patience vaine. On avait finalement réalisé l’inutilité des imprécations lancées en l’air contre les bradeurs, les fossoyeurs du pays.
Une réelle prise de conscience s’imposait d’elle-même pour pouvoir infléchir l’entêtement forcené des rapaces qui dirigeaient le pays.
C’est cela, pensais-je, qui justifiait l’attitude méditative de chacun de nous.
Nous étions exténués par cette fatalité qui s’imposait à nous de manière étouffante, déprimante et mortelle.
C’était un coup de massue qui nous assommait d’une douleur difficile à atténuer.
L’alcool, dans lequel beaucoup s’étaient complaisamment noyés pour fuir notre triste sort, leur rappelait mieux qu’autre chose, les ravages de cette calamité que l’implacable destin nous imposait.
Les hommes, visiblement effarés, se retournaient péniblement  vers le bourbier pour immédiatement détourner leur regard.
Les voyageurs, par petits groupes, étaient assis, la main au menton, échangeant silencieusement des regards interrogateurs.
Nos forces nous échappaient. Chacun de nous avait perdu sa consistance physique.
Les moins résistants gardaient difficilement leur station verticale et s’affalaient au sol, l’air moribond. 
Les plus résistants s’efforçaient de rire pour ne pas pleurer lorsqu’ils évoquaient l’incompétence du conducteur du bulldozer. Ils le trouvaient trop frêle et imbécile pour conduire un aussi gros engin et mener à bien la conduite.des travaux pour lesquels il était mandaté. On fustigeait la dérive fatale d’une catégorie de gens de chez nous qui, honteusement excellaient dans l’incompétence.

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